Chemins I
Si par les chemins de pierre et ronce
Où les fougères se penchent
Je descends en freinant contre la pente d’un bâton
C’est pour descendre en mesure
Et par conséquent plus profond
Et renversant presque la pente à mon profit
Au profit de toutes mes résistances
Comme celle de l’œil qui m’a-t-on dit
Aime à corriger et supprimer la distance
Ramener l’objet depuis le fond à sa surface
Ramener l’objectif à sa toute petite place
Ainsi va ma pente et ma retenue qui l’épouse
À peine si j’ose un pas de côté pour m’accrocher au tronc
D’un arbre un peu plus fin et non forcément plus jeune
La courbe du chemin qui se resserre et m’use l’œil
Car le bonheur s’annonce en mourant
Ce sentiment d’exil à peu près permanent
Je n’ai jamais rien accordé à la prévision du confort
Et quand tu crois t’offrir tu me retires tout
Faisant de moi l’objet ce personnage qui s’échappe
Afin que rien ne glisse et pas même une roche
Afin que rien ne risque et pas même un reproche
D’ailleurs tu prends ton pli dans ma réponse
Tu te retires sans un cri en son étui de velours
Et rien ne saigne où tu t’écorches
Mon refus te complète et te rend presque heureuse
La vérité n’est pas en dehors des métaphores
Et n’est pas au-delà de ce passé tout proche
Regarde la courbe où le pays se noie et devient paysage
Où ton visage avive un nom que tu n’es pas
Iras-tu chercher les fleurs bleues sur les pentes en friche
Au creux des ombres nues que les ronces caressent
Où la forêt tombe en tremblant
Tout mérite un effort tout est au bout d’une lente immersion
Et qui pourtant s’offre d’un coup
Dans la surprise anticipée d’un chant
Un point dans le ciel blanc et un coup dans ton souffle
J’ai été trop nerveuse et fui les occasions
Dit la chair éveillée de son long sommeil civilisé
J’ai trop élaboré dans le laborieux mensonge de la paresse
Qui sur nos crânes goutte en un supplice ancien
J’ai regardé les caresses s’envoler dans l’air et semer la terreur
Là où le ciel moi le sourd m’invitait
Onde du pur présent
Marzy-Copenhague, 12/15 Août 2018
https://www.hantrainerpro.com/chinois/dictionnaire/chinois-francais/traduction-shufu_comfortabl.htm
https://www.hantrainerpro.com/chinois/dictionnaire/chinois-francais/traduction-shu_book.htm
https://www.hantrainerpro.com/chinois/dictionnaire/chinois-francais/traduction-shu_tree.htm
J’adore !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Isabelle !
J’aimeJ’aime
J’imagine ce que cette poésie demande en matière de réflexion, une réflexion introspective, une réverbération devrais-je dire, je me figure comment la vision naïve du monde est ici outrepassée !
On peut lire entre les lignes, en filigrane, une tenace volonté de conquête spirituelle, un patient cheminement.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour cette lecture très élogieuse ! Je suis heureux que vous lisiez ce texte comme une quête spirituelle, c’est effectivement ce qui motive l’écriture dans ses grandes ambitions. Cela vous intéressera peut-être de savoir que ce poème est écrit en quelque sorte sous l’influence d’Heidegger et ce qu’il dit en particulier d’Hölderlin, son analyse du vers qui veut que « l’homme habite le monde en poète » et celle qu’il fait plus généralement de « l’essence de l’habitation ». Votre commentaire est une invitation à poursuivre dans cette voie. Bien à vous.
J’aimeJ’aime
Tout ce que je sais de Martin Heidegger, c’est son implication sous le IIIème Reich, et que l’influence des théories nazies sur sa pensée (manipulatrice et dissimulatrice) font l’objet d’interrogations !
Bien sûr, ceci étant à replacer dans le contexte allemand de son époque…
Hölderlin, par contre, m’apparait bien plus fréquentable, malgré qu’il fut célébré durant la période citée en référence… Rainer Maria Rilke s’en était d’ailleurs beaucoup inspiré.
Merci pour ces éclaircissements, j’en prends bonne note.
J’aimeAimé par 1 personne