Voix au chapitre 1
L’abstraction matérialiste

Raphaël, 26/01/20

j’ai lu ton texte ! certaines parties sont très bien vues, d’autres sont moins faciles à saisir… en tous cas, c’est très riche pour seulement quatre paragraphes ! et je suis bien d’accord avec ton sentiment… on dirait qu’il y a une espèce de gêne irrépressible à être un pur matérialiste, un pur individualiste, un pur homo œconomicus et qu’il faut trouver un moment pour se racheter, pas seulement pour compenser l’immoralité de beaucoup d’enrichissements, mais parce que le matérialisme sans limite se gangrène tout seul en n’atteignant jamais le degré de satiété spirituelle que d’autres pratiques peuvent permettre d’atteindre…

cette gêne irrépressible est une bonne chose, mais en effet les « remèdes » qu’on a pour l’instant trouvés montrent bien à quel point le problème n’est pas compris… la satiété spirituelle n’a rien à voir avec une espèce de jauge qu’il faudra remplir en x années…

et le temps ne peut donc pas être rattrapé en étant remis à plus tard…

l’autre souci est que l’on ne peut pas faire dépendre les efforts pour atteindre une sorte de plénitude spirituelle du niveau de richesse d’un individu d’un point de vue matérialiste

Julian, 27/01/20

C’est d’une importance capitale de parler de ce souffle, ou plutôt cet essoufflement de la fin du monde qui nous entoure. Et ça commence fort, tu parles d’abord des premiers autour de nous qui vivent cet essoufflement. Bien sûr ! Je les vois ces corps se dresser à mes côtés contre la pourriture quotidienne. Au regard du matérialisme, tu marques je pense justement son évolution, son stade de dépassement de soi-même dans lequel la propriété n’est plus une fin mais un « pass » pour cette possession virtuelle complètement folle et obscène. La morale, elle, clouée dans la caverne à côté des ombres démocratiques, alors que ceux qui mènent « la Marche » prétendent l’avoir près d’eux. Comme si on était déjà passé par l’époque dédiée à la morale, comme si on était déjà passé par le « centre », une image qui m’a beaucoup plu : le cœur des choses, leur nature véritable… Finir par les pessimistes, ceux qui mettaient les livres comme finalité, qui bâclent la carrière pour arriver à leur rendez-vous, alors que les livres n’ont jamais toléré cette attente. Bravo ! Je n’aurais peut-être pas parlé de Netflix, car l’exemple efficace accompagne-t-il à juste titre les arguments qui le précèdent et le suivent ? Épaté, merci, et ne lâchons pas la corde.

Arnaud, 30/01/20

Sisi, très important. Tu poursuis sur le thème de la créance. Je nage aussi dedans. Assez Houellebecquien dans l’esprit : le passage sur l’ultime créance à payer pour s’affranchir définitivement du sac de chair et devenir enfin matière abstraite, matière numérique donc… uploading final, séquençage en data et jugement dernier. Je crois qu’il faut jouer dette contre dette. On en reparlera. Et le détachement, bien sûr ! Ah tu me prends par les sentiments… tu le déclines avec une sagesse toute chinoise…enfin, j’ai eu l’impression… Et la fin : très belle. Je te relirai avant d’écrire mon prochain petit chapitre, car j’ai l’impression qu’on navigue vraiment dans les mêmes eaux là. Ah, ce matérialisme abstrait, ou spirituel : ça m’a fait un peu penser au bouquin de Lardreau (Vive le matérialisme !).

Étienne, 11 février

Je suis venu à bout du premier, je l’ai lu et relu. Je pense que c’est très bien vu. L’idée de posséder en se prétendant détaché de ce qu’on possède, de consommer et de jouir tout en se sentant au-dessus de tout ça…voilà qui me rappelle un beauf qui se faisait les couilles en or dans un compagnie d’assurances et qui avait fait du restaurant 4 étoiles du Sofitel sa cantine, paraît-il « correcte », mais attention, s’il y allait c’était par commodité! Il n’est pas quelqu’un de compliqué et il peut se satisfaire de peu! 😉

J’ai été amusé par ton clin d’œil cf nanotechnologies et celui aux cons qui prétendent se faire des provisions de lecture et au-delà de ça des provisions d’existence en pensant pouvoir être absents à eux-mêmes jusqu’au jour J où ils redeviendront soi-disant des res cogitans en un claquement de doigts comme leur MacBook qui retournera au « factory mode » en un clic. Ce jour où Thomas Cook ou ce qui en tiendra lieu les emmènera sous les palmiers se poser les bonnes questions…ou lire Femme actuelle 😌

Je me suis senti inspiré par ton texte sur les pauvres. Et les équations écrites par les rupins – comme l’histoire qui est écrite par les vainqueurs – pour tirer la couverture à soi C’est un sujet que j’aimerais élaborer avec toi la prochaine fois qu’on ira s’hydrater ensemble

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