TESTAMENT IV « Las Vegas poétique »

TESTAMENT IV

« Las Vegas poétique »

Je veux me détacher tel d’un fruit trop sec l’ultime exhibition et que ces mots referment décemment étanche un désir de momie qu’on prend souvent de loin pour une chrysalide à cause des fumées il y a des ténèbres qui sont des néons pour papillons hagards des ténèbres sans doute un peu grises aux ourlets au prix d’une fissure j’ai reçu un crâne je m’en suis électrisé et je m’en suis orné un peu comme un lion animal très naïf au fond de son charnier au moins j’étais l’auteur de mon couronnement première différence avec le citoyen qui réclame des autres sa confirmation hashtag deux points zéro et je n’ai jamais eu le plus pâle soupçon d’ambition sociale au-delà du préau de la salle de bal et aujourd’hui du cloître ou le bout de ma rue celui de mon salon ou bien de ma cuisine c’est la même pièce du bas au plafond pas un rideau de lait pas une taie sur l’œil pas le moindre furoncle de l’envie de réussir autrement qu’en criant victoire totale sur le territoire impossible de ma pensée haro sur le baudet est ma constitution de ce côté je suis plus blanc que neige un vrai péché mortel la neige n’est pas blanche jette donc la première je suis occupé d’ailleurs le seul encore qu’on puisse se permettre et on n’est pas beaucoup se comptent sur les doigts des deux mains si on veut j’ai même déchiré les promesses de sous la vie mètres carrés carrelage infini le balcon suspendu la vie sensuelle en tube éjacule en l’évier mousse mousse toujours plus de mousse

J’ai gardé le pouvoir de séduire à peu près toutes les femmes on m’en veut beaucoup car je veux fondre en moi la force du langage à tout réduire résumer à envahir délimiter mon corps est sec et acharné mes côtes sortent comme chez tous les insectes affamés prendre toute la place à être l’être au mot près presque un exosquelette à la virgule insane et le coma lucide épris de quintessence en la magie d’un point c’est tout je ne veux plus parler que comme Héphaïstos laid et cocufié Job ou Priam ou Richard III je veux me détacher du respect de toute la gluante admiration démocratique qui voudrait m’embaumer comme un film plastique une voix sympathique l’éternelle bandaison de l’autre qui oublie que l’humain est plus que l’horizon son incontinence fatale me fait dégorger bien des vallées de pleurs on dit d’un escargot la colère salée qui bavent dans ces ronds je suis traqué par l’avènement d’un prodige impensable depuis mes huit ans et ce sans ironie c’est en lisant Rahan la bande dessinée du chant qui deviendrait toute ma préhistoire un chouïa plus parlante qu’au cinéma que je me suis perdu dans les puits d’injustice et le vertige de la fin je nage depuis dans les coulisses blanches d’une insurrection qui succède improbable à mon exécution ce n’est pas un écho c’est le temps qui bégaie

Pas de psychologie nous hurle la roulette une dragée de paix enclose en barillet elle n’est pas de toi cette histoire passée alors par pitié laisse-toi n’importe où comme un sac de linge sale et de jambon laisse filer les ombres c’est assez de rendre fou des gens cela fait si longtemps je m’en suis amusé c’est vrai je vous l’avoue mais c’était quand j’avais besoin d’un écho cette fois c’est fini je me répète un mot pourquoi pas il est là il est dit j’avais besoin qu’on m’annonce où j’étais arrivé à grands coups de sablier ce devrait être au sens strict le sentiment de tout le monde à l’arrivée sinon ne fallait pas venir vraiment que fais-tu là tu veux une voiture ou bien un cendrier si hermétique en même temps ouvert aux quatre vents d’autant mieux réceptive à l’onde qu’elle est dure la coquille vibratoire et indocile à la paume elle y laisse du sang en forme d’anémone on voudrait ajouter voilà ce que c’est vivre c’est un jeu d’enfant qui sait tuer des serpents mais qui est incapable de viser un chat les autres sont trahis déjà dès l’aube au doigt sanglant par leur cruauté naturelle c’est net eux-mêmes en conviennent quand il vont voter Ils faisaient des poisons qu’ils faisaient avaler peut-être au petit frère aujourd’hui Las Vegas c’est le terrain de jeu on y a mis des putes qui ne sont pas du tout ce qu’on croit je ne parle jamais des dames en ce terme qui ont bien raison haro sur le baudet la fièvre à l’unisson

Tout n’est plus que dîner on ne sait à quelle heure on sait bien au contraire de quoi il sera fait celui du jour est on ne peut plus attablé ils ne supportent pas qu’on puisse se passer d’eux c’est toujours un peu la famille on a du mal à comprendre les rapports quand ils n’ont pas été suffisamment étrennés c’est un peu toujours un Noël qui est toujours un peu ta fête mon dindon il faut qu’ils puissent vous aider vous taquiner ils sont nombreux je suis si désolé j’ai un oncle figé que je n’ai pas vu entrer dans une grange sombre que même le soleil ne peut pas chauffer on y couve à l’abri des regards indiscrets des incendies bleuis une odeur de mazout qui hantent bien des rêves chez bien des voisins le long du chemin vide où le vent intimide les invitations

Ça se coud à l’envers comme une doublure les vies en profondeur je revendique un droit à l’urgence politique des terres brûlées le droit d’abandonner se vole comme un feu j’ai un rapport absolument panique au sacré qu’en dites-vous rien s’il vous plaît car si vous vous taisiez on s’entendrait écrire il faut que je me couche un peu comme un vampire amoureux de lumière dans un grand pli d’abolition je prie au bout du champ à chaque croisement mon lit est un désert qui suscite une amante à la moindre pression je hurle qu’on me laisse exempt de l’amitié qui n’est qu’un paravent un voile même pas le drap d’un crucifié car le langage seul peut nous sauver du monde

Copenhague, le 6 avril 2020.