Poésie pour le temps courant / Poetry for Current Times

Je ne savais pas que ça arriverait en 2025. Je ne savais pas que ça arriverait. Tout ce que je pourrais dire passera pour une manière de faire de moi une belle âme. Et pourtant, je ne peux pas ne rien dire. Je pensais hier, et les jours avant : le chef d’œuvre, c’est quand même Twin Peaks 3, c’est quand même Inland Empire. Et je savais que ce n’était pas pour être de ceux qui se réjouissent d’élire les films les plus incompréhensibles. Je savais qu’il m’avait touché à la racine. Il ne filmera plus rien. Et moi je penserai désormais à ces films qui m’ont formé, qui m’ont créé, comme créés par quelqu’un qui n’est plus et par quelqu’un qui n’en fera plus d’autres. Et puis, par quelqu’un qui ne me rassurera plus d’être là sur terre. Si je continue, je tirerai la corde du Sébastien artiste et tellement sensible, je ne veux pas, il ne s’agit pas de moi. Tout ce qui pourrait venir quand même rejoindrait en moins bien ce qui nous énigme sur la mort et qui a déjà été dit. Mais je ne pouvais pas ne rien dire. Je ne célèbre pas la mort, je ne rends pas hommage. Je ne célèbre pas non plus la créativité artistique immense de cet homme qui m’a changé pour jamais. Je ne pouvais, juste, pas ne rien dire.