Il faut le lire. Pour être un peu plus détaillé, moi je l’ai lu pendant l’écriture, puisqu’Alban est un ami qui me fait confiance. Personne ne sait rien en cette matière, ce qui est bon, ce qui mérite. Je n’ai donc que ma sincérité : je l’ai lu quand il s’écrivait (attention, juste à des moments phares, et surtout quand il était terminé) et je crois que c’est un vrai travail d’invention, qui vous interroge sur votre capacité de recul : là, vraiment, quelqu’un crée. Moi qui écris plus que lui, ou plutôt : qui écrivais plus que lui, je ne suis pas arrivé à ce degré d’”achievement”, c’est très exactement ce que je pense. Alban m’avait dit il y a longtemps: “quand tu lis un livre, tu sais si c’en est un ou pas”. C’est un type qui tremble quand un personnage met une bûche dans le feu chez Virginia Woolf, quand même… Je voulais dire que dans son cas, oui, c’est un livre. Ce n’est pas rien. Là vous connaissez mon opinion, si elle compte pour vous ou si elle vous intrigue un peu : lisez-le. Il n’y a pas de littérature comme ça en ce moment. Cela n’a rien à voir avec un retour en arrière sur des formes qui auraient été abandonnées et qu’on classerait facilement dans la “littérature d’à côté “. Il faut un geste, “une” geste, pour coller avec sa manière. Pour moi, ce qui importe c’est qu’il fait resplendir l’art, parce qu’il le définit sans en rien dire (au premier degré) et qu’il accomplit ce geste sans manière. Carrère est à l’opposé et ils se rejoignent : dans le don de soi, dans le temps accordé, dans la sincérité, encore une fois. Vous devriez le lire, c’est au-dessus de l’air que ça prend, comme Rabelais, mais pour d’autres raisons : parce qu’aujourd’hui il n’est plus possible d’écrire et qu’il l’a fait. Je ne connais pas de plus belle foi en la vie.

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