– Tu as débusqué, dans un dernier élan, la source du Néant, la bouche du Négatif ? Le premier mot qui consume ? L’ origine du Noir profond ? C’est bien cette figure sans visage que tu traques ? C’est un boulot de peintre que tu fais dans ce dernier poème…Je le vois, le tableau… (Arnaud)
– Oui, c’est exactement ça, débusquer, par couches ou superpositions, cercles aussi… pas d’effacements, d’antithèses, de paradoxes cette fois-ci je crois. Et oui, c’est final, tu l’as senti : pas de 7ème. Pour m’aider j’ai essayé de visualiser un insecte le cerf-volant donc, ou plutôt c’est parti de lui : qui des deux, le néant ou l’insecte a-t-il suscité l’autre ? mais la bête m’a toujours été extrêmement sympathique, depuis que je suis tout petit. Elle se dit apparemment « stag bug » en anglais, enfin, non, « stag beetle » mais j’avais pensé à croiser les deux (bug, le plantage, le trébuchement donc) je cherchais le titre, bêtement au départ et beaucoup trop Ponge ou naturaliste : « Le Cerf-volant », ensuite « The Bug » , et si tu poursuis le fil, stag veut dire aussi sentinelle, donc ensuite « La Sentinelle » mais j’aurais voulu que sentinelle soit masculin, ce qui n’existe pas… mais j’étais comblé, tu penses… deuxième gros coup de bol (en est-ce ou les choses tombent-elles dans nos mains quand on ouvre les yeux ?), j’avais à un moment donné l’image d’une éclipse (puisqu’on joue quand même pas mal ici sur la définition du noir par le blanc, en peintre, tu l’as mis dans le mille), et, en tapant un peu (wikipédia, pas plus), tu apprends qu’en 1823, dans le Limousin ou le Périgord, il y a eu une nuée de ces Lucanus Cervus (autres belles perspectives d’échos lexicaux…) qui était tellement épaisse qu’elle a caché le soleil pendant un certain temps, comme une éclipse. J’étais comblé, j’avais l’impression d’avoir soulevé une pierre et que là, en dessous, c’était là, ça m’attendait… le néant oui, le néant actif, profond, vivant, ultime forme de vie, la seule qui puisse survivre à tout… comme je suis comblé, je ne peux pas le dire autrement par ton commentaire, qui en plus se forme de questions… merci… C’est exactement ça, c’est un tableau, si tu le vois, alors, c’est que je n’ai pas tout raté… Bises (Sébastien)
Dijon/Copenhague, le 15 avril 2020.