DAFT PUNK IS DEAD
Je les entends déjà : mais ils faisaient plus rien, le dernier album était en-dessous, y a rien à regretter. Bull shit, c’est pas là le problème. Le problème c’est qu’il y a scandale. Et je les entends aussi, les casqués, c’est notre coup de génie : on meurt avant de mourir. Bull shit again : je vous voulais mettre en beat les pulsations de votre encéphalogramme pas encore plat et le goutte-à-goutte de votre dernière dialyse, vous nous deviez ça : Daft Punk c’est pas vous, c’est le génie de la musique, c’est la France devenue mondiale, c’est mes 90’s un peu retardées parce que je vous ai pas captés tout de suite, c’est donc aussi mes atermoiements et mes fautes de goût, c’est tous mes potes avec moi : il fallait qu’on danse sur vos titres, pas que sur vos tubes d’ailleurs, en pensant que vous étiez vivants, ça veut dire : encore potentiellement capables de pondre un truc, même une merde, mais comme des icônes que vous étiez devenus, en arrière-plan, comme la possibilité que le Phœnix plane avec des bouts de cendre aux ailes, pas comme un groupe dont les membres s’étaient démembrés, sur du vide comme sur un vieux standard de jazz. Même pas pondre un truc : que vous nous regardiez en coin kiffer sur votre propre génie comme un duo qui l’avait permis. Vous nous deviez le vivant qui dure. En plein Corona, sérieux… Votre crash, c’est du niveau, métaphore gardée, d’un 747 qui plonge volontaire dans la falaise : vous propulsez la mort à l’horizon de la pub. Vous aviez pas le droit, je vous aime.