Tes mots
poème numéro 9 de La suite en x
Tes mots m’irisent ils sont comme l’air je n’y crois pas
le château de tes songes et le puits d’amertume
tu dis par la fenêtre cigarette éteinte
Tes mots m’irisent ils sont comme l’air je n’y crois pas
tes mèches ont cet effet de rideau transparent
de petit balais souple
et je ne pourrais dire
la couleur des cheveux
qui jouent devant tes yeux
et passent sur tes dents
le château de l’éther et son lot d’amertume
tu redis comme un test ou comme on plante un clou
et son vent lapidaire
ses mille chambres froides
et ses larmes amères
et ses sombres échos
tu redis en passant ta main sur le barreau
que tu te rêves chat
que c’est un peu bateau
je m’étire dans le lit dans ton dos quand tu ris
dans tes ronds de fumée
je te revois blessée
ou sonner l’olifant
vas-tu danser pour moi ou danses-tu déjà
étais-tu déjà là penchée sur mon berceau
était-ce toi la biche était-ce toi l’oiseau aveugle
sur le parvis antique
où tu joues du roseau
moi je le crois même si c’est faux
je le crois surtout si c’est faux
et je ne sais si je t’écoute
si c’est un chant ou un ruisseau
qui passe et filtre comme l’eau
que tu déplaces
en t’éloignant
au loin si loin comme un étang
le château de l’ennui c’est aussi très très beau
tu redis pour te plaire
comme si j’étais là
tu fais la pluie plus longue et le temps absorbé
je te vois dans les joncs marcher comme une fée
oui c’est un chant d’oiseau c’est ça dans ta fumée
un long chant triste et beau
et des chaînes à tes pieds
et je moi ris et toi tu mens
ce sont tes mots qui glissent tout et qui m’aspirent dans le vent
c’est le château des songes et le puits d’amertume
redis-tu en un long et très fin trait de plume
comme si tes paroles
étaient toujours un texte
dans le château des mots
qui penche à la fenêtre
S., 14 et 15 octobre 2017