L’orphelin de Noël
Au seuil de la grotte le soleil invite
A prendre la sortie de biais
D’abord le flanc puis la vallée
Je suis un cerf je viens de naître
Je suis l’enfant à la fenêtre
Regarde la neige en tombant
A effacé le bruit des pieds
Je perce la grange d’un regard de pierre
Je vois au travers je vois l’ombre et la lumière
Tous les matériaux sont bruts
Les pensées sont des parfums
Les idées sont des fleurs
Un oncle s’est pendu
J’arpente le jardin
Sous la protection des Heures
Un pétale en ma main
Dépose sa poussière
Il paraît que demain
S’approche à pas de loup
Je suis tombé dans une empreinte
Quand j’ai atteint tes cheveux blancs
Vieille grand’ mère flou firmament
Dans ta voix j’entends le bonheur
De la rivière où dansent les feuilles
D’un arbre qui s’est penché
Probablement un marronnier
C’est la bataille que veux-tu
Les boucliers bouchons-poubelle
Ou lessiveuse oubliée là
Nous sommes fous dans notre arène
Les tribunes sont pleines de chats
Le temps n’existe plus
Il s’est plié la main
Et piqué le dessous des doigts
Sur le métier au moins cent fois
Et je contemple ce qui n’est pas tout à fait terminé
La pâte tremble encore un peu
Je n’ai pas encore dessiné
Celle qui te ressemblera
24 décembre 2020
illustration : Arthur Rimbaud à 17 ans, photographié par Carjat, en 1871. AFP