La Beauté

La Beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

J’aurais dû essayer les gens réels
Les relations réelles
J’aurais dû essayer les sentiments

J’aurais dû essayer de me laisser
Blesser par les rayons
Du courageux miroir qu’on me tendait

Narcissiste impeccable cinéma
Mythomane de moi
Fabulateur aux tics impénétrables

Je pleure de ne pas m’aimer je tue
Quiconque me séduit
Je suis vexé de toute admiration

Je vois le pouvoir partout des opprimés
Et tout ce qui me plaît
Est une insulte à mon intégrité

Tu paies la tendresse que tu me portes
De m’avoir fait pleurer
J’ai des calculs à ne pas déranger

illustration : Narcisse, attribué au Caravage, 1598-99

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