Bouc impromptu 2
De l’horizon diabolique qui tapisse le fond de mon cerveau je ne peux vous parler.
Il est si loin si proche et si lointain il est à portée de main il frisonne toujours et partout en sourdine en crinoline grattant sourdant biaisant travestissant tout perception mémoire et pensée.
Il prend la forme d’un secrétaire à la parole maladroite il est un monstre de cruauté innocente la pire tel dans la maladresse, le non-dit, le nul advenu, le geste de trop, le sourire de pas assez, il reste et s’incruste et finit par te peupler, chaque regard, chaque échappée vers ailleurs, il te colle là jusqu’à la crise.
Tendu tendu tendu permanent, sous-pente caniveaux, montage en dérivé si l’une claque des ampoules les autres prennent le relai, changée chacune alternativement similaires à toutes sans rien qui soit encore sororal entre elles, pure perte, vertige, dérivée de la dérivée, crissement vers l’éthique, morale compassée, abjection sordide, et tentative d’échapper à pieds joints sur soi-même sans même parvenir à piétiner son cadavre.
Je n’en parle pas, j’en crève, comme un bouc qui frappe la porte de sa grange, quand le soleil cuit dehors et qu’il le rend fou à l’intérieur par l’odeur sidérante de son urine, car il se sidère lui-même, en tronçons il se découpe après s’embroche un à un les morceaux, les uns après les autres bien rôtis, tournés braisures, devant le public médusé, je ne parle pas j’exulte, à vous la balle.
Paris-Pontarlier, 5 Juillet 2018.