Savoir s’arrêter
Je travaille avec un point
Sur la couture remets ton doigt
Un point un creux de poitrine
Un caillou au creux des reins
Le ruban glisse encore une fois
Et je promène tout mon souci
Un peu de vide sous le bras
La vie ne tombe que des glycines
Un caillou dans la chaussure
Je travaille au crochet ou au couteau
Au temps des égratignures
Le désert pique dessous la peau
Tous les mots sont de trop
Il y a du jeu je sens
Dans toutes mes intentions
Je recule devant les grands formats
Une bouffée après l’autre
Les idées sont d’ici-bas
Je me méfie des justices
La ciguë bue le calice
J’accroche des miniatures
Une agrafe sur le cœur
Que je sens quand je respire
Je vois danser des figures
Je ne veux plus avoir peur
Je ne veux plus craindre le pire
On me lit de loin
Les mots ripent sur l’écran
Je ne réponds rien
Textos j’en passe des moments
Je prends trop de temps
Je ne dis rien de bien
Révolutionnaire
Il faut savoir vivre à peu près
Il faut se faire légèrement prudent
Et laisser l’air faire la chanson
Je ne dis rien de bien neuf
Les muses étaient bien neuf
Je ne dis plus rien de rien
illustration : Minerve parmi les Muses (détail), Hendrick van BALEN et Lucas van UDEN, 1620, huile sur bois, Musée du Palais du roi Jan III à Wilanow (Varsovie)