Rimbaud avant

Rimbaud avant

Rimbaud est avant.

Avant Freud, avant la psychanalyse, avant la fin du langage, avant la fin de l’Histoire, avant la fin de l’avant.

Est-ce qu’on m’entend ?

Une falaise. Des enfants, il aimait bien, Hugo qui l’avait marqué : les deux imaginaient, quoi après ? Falaise, enfant, abandon, inconnu, peur extrême mais avant la « prise de conscience ».

Les deux imaginaient.

Il n’y en a pas un avant l’autre. Sinon, il faudrait situer Baudelaire : pareil, ni avant, ni après. Pas de préposition, surtout pas d’adverbe et encore moins de conjonction : abolition pure et simple du temps dans un acte de langage : Rimbaud.

Rimbaud, Arthur, atteint le sommet : après, depuis, rien.

Toute tentative du langage, Freud, Lacan, les « poètes », Bonnefoy, le meilleur : rien, ils le savent, ils écrivent après… C’est-à-dire après mais surtout en-dessous : tout est régression depuis Rimbaud.

Donc je n’écrirai rien sur lui : je ne fais que signaler.

Écho en retour, Écho la divinité grecque appelle après que cela eut lieu : cela a toujours déjà eu lieu.

Non, il n’est pas trop tard, il n’est pas ridicule de répéter : le temps N’EST PAS.

Rimbaud avec ses fariboles, toujours il faut un folklore, mais lui le pousse au-delà de l’analyse épistémique : symbole n’est plus car symbole s’est dépassé lui-même, désignation caduque, représentation vieille baudruche. Rimbaud.

Aucun projet, aucune attente de déchiffrage, tout déjà là. Langage exploité en abolition du sens même du langage dans sa compréhension et dans son extension. Langage-racine, langage-abolition, langage-alpha-et-oméga.

Et surtout, là est la clef, sans aucune intention.

La flèche partie de l’arc est encore dans l’arc.

Impossible pour le moment d’en dire rien de plus.

Si : souffrance, qui est racine de tout écrire, dire, utiliser mot, est elle-même dépassée dans son lien avec le jouir : ni bien, ni mal, ni essence, ni accident, aucune mot pour le dire : Rimbaud.

On ne le déjouera pas avec de la linguistique.

Université morte.