Poème en souvenir d’Hölderlin et Heidegger et en pensant aussi à Houellebecq
N’écoute pas le temps qui passe dans ton crâne
Vois dans l’espace le monde qui est en toi
Il n’y a plus pure folie que la dialectique sans fin
Le vertige vient d’un loquet qui bascule sur lui-même
Ne t’acharne pas à vouloir rétablir
Cette usure est le nerf de la souffrance
Vois dans l’espace
Tu es déjà là-bas le chemin n’existe pas
La montagne qui monte et le pont qui traverse
Tu es un point le mouvement que l’espace étire
Parfois en hésitant tu sens vibrer les atomes
Ta peau est morte de vie en soi
Tes poumons sont transitoires
Tes veines courent à l’infini
Tu es temps ne te regarde pas
Vois dans l’espace ce monde qui est toi
Illustration : Ernst Ludwig Kirchner : Brücke bei Wiesen, 1926